Première et seule femme chauffeur privé à Kigali, Priscilla Uwambaje, 30 ans, a dû se battre contre l’avis de sa belle-famille, les préjugés et les problèmes de financement pour mener cette activité. Aujourd’hui, elle entend créer sa propre compagnie et former d’autres femmes.
« Je suis heureuse et fière aujourd’hui. En l’espace de huit mois, j’ai remboursé mes créanciers, je subviens aux besoins de ma famille, et je mène une activité qui me passionne » assure Priscilla Uwambaje.
Le chemin aura pourtant été semé d’embûches. Née à Nyanzi, une province du sud du Rwanda, Priscilla est très tôt attirée par le tourisme. « Dans notre ville, se trouvait le palais du roi. Nous recevions donc quelques visiteurs et j’aimais bien échanger avec eux ». Plus grande, Priscilla se tourne naturellement vers des études liées à ce secteur. « Au cours du secondaire, j’ai suivi des études de comptabilité, mais une fois à l’université, j’ai opté pour le management en tourisme. »

Le Kigali Convention Centre
La ténacité chevillée au corps
Malheureusement, la jeune étudiante doit interrompre ses études. Jeune mariée, elle vient de tomber enceinte. Suivra un deuxième enfant. « Ma belle-famille voulait que je reste au foyer pour m’occuper des enfants. Ce n’était pas facile. Mais je ne pouvais pas rester sans sortir et à ne rien faire. Je devais reprendre mes études pour construire mon avenir. » Malgré la désapprobation de sa belle-famille qui la chasse, elle travaille la nuit dans un club et étudie le jour. « Je ne dormais pas. Je gagnais à peine de quoi vivre avec mes enfants. » Mais Priscilla s’accroche et va au bout de ses études.
« Toi ? Mais tu es une femme ? Ton mari est d’accord ? »
Le destin vient alors frapper à sa porte. « J’apprends que le tout nouveau Palais des Congrès recrute. J’ai déposé ma candidature. Après trois entretiens, j’ai été recrutée en tant que barmaid».

Femme au volant, succès au tournant
Parfaitement anglophone, Priscilla maîtrise également le français et l’italien, des atouts pour séduire la clientèle. « Certains sont surpris de voir une femme au volant. Apparemment, même en Europe, cela reste rare. ». Priscilla a remboursé en l’espace de huit mois l’intégralité de ses dettes. Désormais, elle travaille au service d’un autre hôtel, Kigali Mariott Hôtel, mais au sein de la même compagnie de transports. Elle nourrit également de nouveaux projets. « Je veux créer ma propre compagnie de taxis réservée aux conductrices. Cette activité leur permettra, comme à moi, de subvenir aux besoins de leur famille ». Une ambition sans nulle doute réalisable grâce à la persévérance de Priscilla.
