Eunice Barasa
Fondatrice et Directrice de LYMA FARMS AND FOODS

JAMII Femmes Inspiring Stories – Eunice Barasa

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Parlez-nous un peu de vous et de votre entreprise?

 

Je m’appelle Eunice Barasa et je suis originaire du Kenya. Je suis sociologue de formation et j’ai obtenu une maîtrise en genre et développement (Université de Nairobi) et une licence en sociologie et études sur le développement du genre (Université des femmes d’Afrique, Harare, Zimbabwe). J’ai passé plus de 20 ans de ma vie professionnelle au service des entreprises, ayant travaillé dans un établissement d’enseignement supérieur en tant que responsable des connaissances, dans une organisation à but non lucratif en tant que responsable des programmes – violence basée sur le genre et développement des compétences puis récemment, en tant qu’assistante au commerce et à l’investissement au Bureau commercial de la Haute Commission de Zambie à Nairobi, au Kenya.

Ma reconversion vers l’entrepreneuriat social à plein temps est une collation d’expériences vécues sur le terrain qui ont amplifié les problèmes sociaux auxquels sont confrontées les femmes et les communautés au sens large. Ce déclic a abouti à la création de mon entreprise sociale – Lyma Farms and Foods – en 2020. Lyma Farms and Foods travaille en étroite collaboration avec les femmes rurales, d’abord en tant que bénéficiaires cibles et ensuite en tant que ressources humaines ayant le potentiel de catalyser le changement et de contribuer aux solutions auxquelles le monde entier est confronté.

Nos principales activités sont guidées par les piliers suivants :

➡️Sécurité alimentaire  et « faim insoupçonnée »– Les pertes post-récolte des légumes à feuilles constituent un problème permanent pour les agriculteurs ruraux. Lyma Farms and Foods propose une solution à deux niveaux en offrant un marché aux femmes rurales qui cultivent des légumes indigènes. Nous achetons et transformons (valeur ajoutée) ces légumes (reconnus pour leur haute valeur nutritionnelle) par la méthode de déshydratation afin de prolonger leur durée de conservation. Grâce à un approvisionnement suffisant en légumes nutritifs entre les saisons, nous luttons contre la faim, qui touche une personne sur trois, en particulier dans les pays en développement. Le deuxième niveau est la fabrication et la vente de séchoirs solaires à faible coût, dont les bénéficiaires cibles sont les producteurs de denrées alimentaires du dernier kilomètre. La possession de cet équipement par les ménages favorise la sécurité alimentaire au niveau familial et augmente les revenus produits par la vente de légumes conservés pendant les saisons de pénurie.

➡️  Conservation de la biodiversité – Le changement climatique et les activités humaines rampantes menacent la survie des plantes médicinales indigènes de grande valeur, qui constituent une source de revenus et permet de couvrir les soins médicaux pour la plupart des pauvres des zones rurales. Lyma Farms and Foods a lancé la domestication et la culture de ces plantes par les femmes rurales, dans le cadre d’une initiative de conservation et comme source de matières premières pour la création de valeur ajoutée. En outre, cette pratique apporte un revenu supplémentaire aux femmes, tout en constituant une plateforme appropriée pour communiquer le message sur le changement climatique et les bénéfices liés à la conservation des plantes.

 

➡️ Réduction de la pauvreté – Nous stimulons les économies rurales en encourageant l’établissement d’industries artisanales grâce au développement des compétences et à l’amélioration des produits. Cela combat la pauvreté rurale, en particulier chez les femmes rurales. Cet aspect est lié au transfert de compétences entrepreneuriales adaptées aux contextes ruraux.

 

Qu’est-ce qui vous a inspiré à démarrer votre entreprise?

En grandissant, j’étais entouré par une pauvreté rurale massive, une condition typique de l’Afrique rurale. C’est un problème social qui a des répercussions disproportionnées sur les femmes et qui constitue un énorme obstacle à l’avancement social et économique au niveau personnel, familial et social. Cette expérience vécue à motiver ma transition professionnelle afin de faire face à la situation de la meilleure façon possible. Mon point de départ devait être les régions rurales éloignés qui ont fait de moi ce que je suis devenue aujourd’hui.

 

En mettant en parallèle vos compétences ou les solutions que nous pensons que vous apportez et en examinant les principales lacunes dans vos secteurs, voyez-vous ces défis ou ces lacunes réduits à leur plus simple expression ?

Oui. Sur la base des objectifs thématiques qui guident nos opérations, je peux admettre en toute confiance que nos solutions sont chargées d’un potentiel de changement des dynamiques sur le terrain. En effet, mon expérience sur le terrain m’a confirmé que quelle que soit l’efficacité d’une innovation, elle n’est pas pertinente si elle ne répond pas aux critères suivants : accessibilité financière, disponibilité, simplicité et contextualisation en fonction des bénéficiaires cibles. C’est ce qui fait notre différence.

 

 

Si oui, pouvez-nous donner un aperçu ou un résumé de la façon dont vous croyez que cela devrait être réalisé. 

📌 Sécurité alimentaire et « faim insoupçonnée »

  • formation sur les bonnes pratiques agricoles adaptées à l’environnement
  • les pratiques de gestion post-récolte
  • accès accru aux compétences et connaissances recommandées en matière de déshydratation des légumes
  • augmentation de la production de déshydrateurs solaires à faible coût adaptés aux ménages (abordables, disponibles, simplifiés et contextualisés)
  • sensibiliser à la consommation d’aliments déshydratés en tant que décision intelligente sur le plan climatique, afin d’accroître la pénétration du marché.
    (Le résultat final est la disponibilité de légumes nutritifs entre les saisons malgré les changements climatiques)

📌 Conservation de la biodiversité

  • Sensibiliser les maraîchers à intégrer les plantes médicinales indigènes aux légumes (pratique agroécologique)
  • Commercialiser les plantes médicinales en tant que matières premières en vue d’une transformation ultérieure (produits pharmaceutiques, nutraceutiques et cosméceutiques ainsi que les boissons à base de plantes)
  • Sensibiliser le gouvernement à adopter des politiques qui reconnaissent les plantes médicinales autochtones comme ressources naturelles, allouer des considérations et des financement aux même titre que les autres ressources naturelles ( par exemple les forêts).
  • Établir une collaboration avec des partenaires stratégiques, y compris des chercheurs, des sociétés pharmaceutiques, des entreprises cosméceutiques, etc.

📌 Réduction de la pauvreté

  • Offrir des programmes de formation abordables sur l’entrepreneuriat aux groupes ruraux
  • Promouvoir le développement des industries artisanales

Quelle est votre plus grande réalisation en tant que femme entrepreneure?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • Faire partie d’un écosystème mondial qui crée des solutions reconnues pour faire face à des problèmes mondiaux (sécurité alimentaire) – dans le cadre plus large du changement climatique – est une réussite.
  • En décembre 2021, j’ai vécu un moment exceptionnel : j’ai fait partie des quatre femmes kenyanes qui ont reçu une subvention d’amorçage de 1 000 USD dans le cadre d’un concours de pitch (Best Pitch) organisé par l’Academy for Women Entrepreneurs (AWE), un programme qui soutient les femmes chefs d’entreprise promu par le gouvernement américain par l’intermédiaire de l’ambassade des États-Unis au Kenya.

Parlez-nous de quelques femmes qui vous inspirent.

Plusieurs m’ont façonné pour être qui je suis aujourd’hui :

✨ Ma mère (Elizabeth Barasa) -Bien que décédée du cancer du sein, elle m’a appris ce que la résilience chez les femmes rurales implique. Leur lutte quotidienne contre les contraintes économiques, sociales et culturelles exige des approches améliorées pour relever ces défis, tout en veillant à ce que leurs familles restent intactes. (Mon appréciation des plantes médicinales indigènes est une quête personnelle pour contribuer au domaine de la recherche biomédicale alors que la recherche pour le remède contre le cancer se poursuit).

✨ Les organisations au service des femmes – il faut des femmes pour comprendre le monde des femmes. Je suis ainsi inspiré par les femmes qui se réunissent pour concevoir des programmes et des politiques visant à transformer les anomalies sociales, culturelles et économiques auxquelles sont confrontées les femmes dans tous les secteurs et à tous les niveaux.

✨ Les femmes entrepreneures – elles brisent des plafonds de verre pour établir des entreprises dans un espace très contesté afin de trouver des solutions aux problèmes qui touchent l’humanité.

Quel message voulez-vous partager avec les femmes africaines qui aspirent à être des actrices du changement ?

👉🏾 Ne jamais accepter de refus. Le plafond de verre n’est qu’un plafond de verre après tout; il peut être brisé et de nouvelles frontières créées si nous choisissons de prendre la voie du changement.

👉🏾 Recherchez toujours les connaissances. Profitez des programmes qui cherchent à combler les lacunes en matière de compétences. Ils ouvrent également des portes au réseautage et à des collaborations positives.

👉🏾 Accompagner les autres tout au long du mentorat afin de ne pas briser la corde du soutien.


Comment WIA (Women In Africa) vous a-t-elle accueilli dans sa communauté ? 

Je fais partie du réseau de WIA – une opportunité qui a ouvert un monde d’opportunité, de nouvelles expériences et connaissances de différentes parties du continent.  Le partenariat WIA – Honoris a été une valeur ajoutée à mon parcours professionnel.

Les programmes WIA m’ont permis de rencontrer des femmes chefs d’entreprise de tout le continent, ce qui a atténué les tensions interculturelles et permis une pollinisation croisée des connaissances, ce qui est très bénéfique pour une femme d’affaires qui a une vision globale.

Grâce à WIA, je continue à développer mon réseau de partenaires, de clients et de collaborateurs stratégiques grâce à la visibilité accrue de ma marque en tant que Consultante et  entrepreneur social. Par le réseau de l’AIV, j’ai reçu des invitations sur des plateformes locales et internationales pour parler du pouvoir transformateur de l’agrodépendance et de l’autonomisation des femmes.

Notamment, mon interaction sociale s’est considérablement améliorée, ce qui a eu pour effet d’élargir les engagements stratégiques, de multiplier les possibilités de mise en réseau, de multiplier les occasions de s’exprimer et de nouer des partenariats. Pour illustrer cela, nous en sommes aux dernières étapes de la rédaction d’un document de travail (Memorandum d’entente) sur l’autonomisation des agriculteurs avec une organisation partenaire de ce premier trimestre 2023 et tout cela est possible grâce à WIA! 

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